BITCOIN : spéculation ou vrai monnaie ?
Les monnaies « alternatives » ont toujours existé sous une forme ou une autre. La plus connue est sans doute le « WIR » (monnaie communautaire) qui a été créé en 1934 en Suisse face à la grande crise qui a secoué le monde. C’est sûrement le plus bel exemple de monnaie alternative puisqu’à ce système d’échange de marchandises s’est ajouté un système de crédit en WIR, à des taux avantageux. WIR est depuis sa création, devenue une banque coopérative forte de 2 000 PME coopératrices et de 70 000 PME clientes. Elle offre désormais aussi des services bancaires classiques.
Face à ce constat, nous allons nous intéresser à une monnaie très en vogue à l’ère d’internet : Le Bitcoin. En effet, sur les 500 monnaies virtuelles en circulation à travers le monde, elle représente 90 % des transactions.
Qu’est-ce que le BITCOIN ?
Cette devise tire son nom de la contraction du mot « bit » (système de numération binaire en informatique) et du mot anglais « coin » (pièce de monnaie). Il s’agit donc d’une « monnaie virtuelle » (immatérielle).
Le Bitcoin tire son origine d’un logiciel créé en 2009 par Satoshi Nakotomo. Personne ne sait véritablement s’il s’agit d’un individu ou d’un collectif d’informaticiens. Le système est programmé de telle sorte que le volume total, à terme, ne pourra excéder 21 millions. Actuellement, il y environ 14,5 millions de Bitcoin en circulation.
La Banque Centrale Européenne (BCE) donne une excellente définition de ce type de devise : « toute monnaie non régulée et digitale, qui est émise et généralement contrôlée par ses développeurs, et qui est utilisée et acceptée par les membres de communautés virtuelles spécifiques ».
Comment acquérir des Bitcoin ?
Le Bitcoin, comme toutes monnaies virtuelles, dépend de la technologie et infrastructures informatiques (super calculateur, etc…). En effet, cette devise est générée par des milliers d’ordinateurs à travers le monde. On appelle ça le « minage ».
Plusieurs possibilités s’offrent à l’investisseur pour acquérir des Bitcoin :
- Les acheter via des plateformes internet dédiées
- En dédiant des serveurs ou dans une moindre mesure un ordinateur à la résolution d’algorithmes à la source même du Bitcoin. Cela fait gagner des Bitcoin
- Les échanger contre d’autres monnaies (USD, EUR…) via des bourses d’échange sur internet par transferts bancaires.
- Fournir des biens et services En contrepartie de Bitcoin.
En l’absence d’intermédiaire bancaire, les frais de transaction sont quasi nuls.
Les inconvénients :
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La volatilité :
Le Bitcoin est une monnaie extrêmement volatile et spéculative. On parle souvent de bulle spéculative en évoquant le Bitcoin. En effet, depuis sa création, on assiste à d’importants mouvements de fluctuation. Selon l’indice CoinDesk (moyenne des cours des principales plateformes d’échanges) le Bitcoin est à 227.23 $ (relevé le 21/09 dans la matinée). On est bien loin de 2013 où le cours avait cumulé à plus de 1000 $.
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L’anonymat :
Le fait que le Bitcoin n’ait aucun cadre réglementaire, il permet de réaliser des transactions totalement anonymes d’où le risque de blanchiments d’argent et de transactions illégales.
D’ailleurs bons nombres de pays interdisent cette devise.
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Le stockage :
Les Bitcoins sont stockés sur l’ordinateur de l’investisseur ou dans un portefeuille électronique en ligne. Les risques de se faire « hacker » ou de subir une attaque informatique en règle est très importante.
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L’opacité des plateformes :
Ces structures en ligne évoluent en dehors de tout cadre réglementaire. D’ailleurs, l’ancien patron d’une plateforme d’échange de Bitcoins, Mark KARPELES, a été mis en examen au Japon pour falsification de données et détournement de fonds (321 millions de yens). Il ne risque qu’au maximum 5 ans de prison.
La fiscalité :
SI l’administration fiscale ne reconnaît pas le statut de « monnaie » aux Bitcoins ; elle considère qu’il s’agit « ‘ d’unités de compte virtuelles stockées sur un support électronique ». A ce titre, les plus-values sur la vente de Bitcoins sont imposées à l’impôt sur le revenu (IR) et taxable à l’ISF.
- 2 possibilités pour déclarer les plus-values à l’IR :
- Soit la déclarer dans la catégorie des BNC (Bénéfice Non Commerciaux) lorsque les gains enregistrés sont occasionnels.
- Soit dans la catégorie des BIC (Bénéfice industriel et commerciaux) lorsque l’activité de achat/cession de Bitcoins (transactions réalisées de manière habituelle).
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L’ISF :
En tant qu’actif patrimonial, les Bitcoins sont taxables à l’ISF (Impôt Solidarité sur la Fortune).Sa valeur au 1er janvier de l’année d’imposition devra être déclarée par le redevable dont le patrimoine total est supérieur à 1,3 M€.
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Succession :
Ils sont soumis aux droits de succession et aux droits de donation. A noter que les transmissions à titre gratuit de ce type d’actif sont également soumises aux droits de mutation à titre gratuit.
Pour conclure :
J’assimile, toute proportion gardée, le comportement du cours du BITCOIN à celui de l’or. En effet, il prospère sur la peur des gens d’où une très forte volatilité. Là s’arrête la comparaison. En effet, si l’or évolue dans un cadre réglementaire ce n’est pas le cas de cette devise virtuelle.
Pour que le Bitcoin devienne une véritable monnaie alternative, il devra corriger les inconvénients majeurs que j’ai mis en lumière dans cet article. D’ailleurs en 2014, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) en France et ses homologues européens ont lancé une mise en garde contre cette monnaie virtuelle.
Je vous déconseille d’aller sur ce type de « support » sauf à être « très joueur ». Pour les plus téméraires, ne risquer que des sommes non significatives.
laurent BRACHET
Conseil en gestion de Patrimoine (CIF)
Tel : 06 15 31 11 82
contact@placementinvest.com
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